C'est en France que l'université new-yorkaise Columbia vient
célébrer la littérature mondiale, apportant dans ses bagages une trentaine
d'écrivains venus d'un peu partout. A juste titre, puisque le marché éditorial
français est très ouvert à la littérature étrangère, en particulier
anglo-saxonne : un roman sur trois est une traduction, et les trois quarts des
romans traduits le sont de l'anglais. Columbia rapportera-t-elle à New York une
malle pleine de romans français à faire découvrir aux lecteurs américains ?
Cela n'est pas certain. Les Etats-Unis constituent, pour la
littérature en traduction, ce que la sociologue Gisèle Sapiro nomme "un
environnement hostile". Le chapitre qu'elle lui consacre, dans Traduire la
littérature et les sciences humaines. Conditions et obstacles (DEPS, 2012),
détaille les barrières culturelles et structurelles qui en font une citadelle
apparemment imprenable. "Les traductions, écrit-elle, ont connu une
marginalisation croissante sur ce marché depuis les années 1970." Elles ne
représentent en effet que 2 % à 4 % de la production annuelle, et 1 % seulement
de la fiction ! Sur ce segment très étroit, le français reste néanmoins la
première langue traduite, juste devant l'allemand.
Pour l'éditeur Olivier Cohen, fondateur des éditions de
L'Olivier, les textes étrangers se heurtent, aux Etats-Unis, à un "mur
d'indifférence". Formule que ne démentirait sans doute pas Xavier North,
délégué général à la langue française et aux langues de ...
vendredi 13 septembre 2013.