La
France s'est découvert une passion pour les anglicismes, censés être plus
"cool", plus "fun". Dans cette histoire, les modernes ne
sont pourtant pas où on le pense.
Il
existe des rayons bio dans tous les hypermarchés, mais nous
parlons une langue traitée à mort. Dans son livre «De quel amour blessée», le
poète et essayiste Alain Borer institue la notion de «réchauffement linguistique»... C'est cela: nous
cherchons à préserver notre eau, notre air, notre sol, nous voulons conserver
notre modèle social, notre système de santé, le peu d'industrie qu'il nous
reste, nous ravalons les façades d'immeubles, nous protégeons notre patrimoine,
mais celui qui s'avise de défendre le français passe pour un barbon, un vieux
ronchon hors course - et de droite, par-dessus le marché.
C'est automatique.
Au mieux, il passe pour un poseur, un fayot, un intello. Et
pourtant, le français, ce que nous avons de plus précieux, se porte mal. Sa
maladie est interne, elle est externe - dans les deux cas volontaire,
provoquée, et même revendiquée. Et c'est le plus tragique. L'Etat nous y invite
le plus souvent, et c'est le plus absurde.
Jacques Drillon, L'Obs, 30 novembre 2014.
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