Faut-il interdire l’écriture inclusive qui vise à
reféminiser la langue française ? Le ministre de l'Éducation vient de le faire
pour l'école. À l'Assemblée nationale, trois propositions de loi veulent
l'interdire dans l'administration. Tour d’horizon des positions officielles
dans ce vieux débat.
Le ministre de l'Éducation nationale a tranché. L'écriture
inclusive n'a pas sa place dans les pratiques d'enseignement ni dans les
documents administratif du ministère. Jeudi 6 mai 2021, une circulaire parue au
Bulletin officiel de l'éducation nationale interdit l'emploi de cette pratique
linguistique à l'école.
Au moment où la lutte contre les discriminations sexistes
implique des combats portant notamment sur les violences conjugales, les
disparités salariales et les phénomènes de harcèlement, l'écriture inclusive,
si elle semble participer de ce mouvement, est non seulement contre-productive
pour cette cause même, mais nuisible à la pratique et à l'intelligibilité de la
langue française. Extrait de la circulaire du 6 mai 2021 sur les règles de
féminisation dans les pratiques d'enseignement
Jean-Michel Blanquer s'est exprimé plusieurs fois dans des
interview contre l'écriture inclusive. Le 2 mai dernier, dans les colonnes du
Journal du Dimanche, le ministre l'a encore condamnée parce qu'il la juge trop
élitiste et excluante pour les élèves en difficulté.
Mais cette position ne fait pas l'unanimité. Pour le
linguiste Christophe Benzitoun, enseignant chercheur à l'université de
Lorraine, auteur de Qui veut la peau du français aux éditions Robert 2021 :
L'écriture inclusive ou l'écriture non sexiste est devenue
un épouvantail politique. Dès qu'il y a une difficulté, le ou la responsable
politique brandit ce sujet comme pour faire diversion. Parce qu'en réalité, le
ministre de l'Éducation sait très bien que l'écriture inclusive ne se réduit
pas au point médian (un point suivi de la féminisation d'un mot, ndlr) et que
la véritable difficulté pour les élèves c'est notre orthographe. La forme
écrite de notre langue est restée figée depuis des siècles alors que la forme
orale elle, ne cesse d'évoluer. Or les responsables politiques refusent de voir
la langue écrite évoluer et c'est là le nœud des difficultés des élèves.
Ce n'est pas la première fois que la langue française est au
centre de polémiques politiques. Depuis 1539 et l’ordonnance de
Villers-Cotterêts, qui imposa le français dans les documents publics, la France
a une longue tradition de ce genre de débat. La féminisation de la langue
occupe ainsi la sphère politique depuis plus de quarante ans.
(...)
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