vendredi 30 novembre 2018

Black Friday



(Dernière minute)
Dieumerci, le Black Friday est passé. Il a passé sur le monde entier. Ç’a été un Black Friday universel. Même au Botswana, même dans le plus petit village chilien, où trottent les cochons sauvages, c’était le Black Friday. Tout cela en anglais, bien entendu. Vendredi noir, ça fait attentat, et les attentats nuisent au commerce. Ils ont donc noirci le vendredi dans une langue étrangère, pour que ça ne se comprenne pas. On comprend sans comprendre : black, ça n’évoque rien, surtout au Botswana. Et puis bonnets rouges, gilets jaunes, black friday : qu’est-ce qu’elles leur ont fait, les couleurs?
(Un « forcené » voulait se faire exploser dans un centre commercial. Il se réclamait des « Gilets rouges ». On voit bien qu'il est fou, le type : il n'a rien compris aux codes couleurs.)


(Dernière minute 2)
Le lendemain était un Pink Saturday. Contre les violences faites aux femmes. Il y avait des « espaces non mixtes » dans les manifestations. C’est bien. Ségréguons ! (Bientôt nous serons face à face, avec des gourdins.) Quel dommage qu’il n’y ait plus personne dans les églises ! On aurait mis les femmes d’un côté, les hommes de l’autre, comme dans le bon vieux temps. Nous pourrions peut-être aussi réserver les places arrière aux Noirs, dans les autobus ? Recréer la première classe dans le métro ? Toute cette nostalgie est charmante, et sent bon le terroir :


Le mouvement vient des  États-Unis, comme d’habitude, et a été théorisé depuis. « Les opprimés ne peuvent pas mettre de mots sur les choses si les oppresseurs sont présents », dit Françoise Vergès, politologue féministe. Cela tombe sous le sens : comment voulez-vous crier votre haine des hommes s’ils sont à vos côtés ?

( Jacques Drillon , Les papiers découpés n°34. 30 novembre 2018.)



dimanche 28 octobre 2018

GAFAM


Après six semaines d'une campagne qui a été dense et très bien relayée, nous avons recueilli plus de 12 000 mandats pour attaquer les GAFAM dans le cadre de l'entrée en application du RGPD. 

Merci à vous pour votre soutien, votre confiance et pour les relais nombreux de cette action ! Merci aussi à toutes celles et ceux qui ont participé à l'écriture collective des textes des plaintes. 




→ https://gafam.laquadrature.net/


dimanche 7 octobre 2018

Une « punch line »



Top 30 des anglicismes employés en français


Top-30-des-anglicismes-employes-en-francais
Qui ne s’est jamais plaint de l’usage croissant d’anglicismes dans la langue française ? Un anglicisme est un emprunt fait à la langue anglaise pour exprimer quelque chose en français. Avec la mondialisation et l’usage de plus en plus courant de l’anglais, le français n’a pas échappé à la conquête des anglicismes. Si les québécois résistent encore à ce vaste mouvement, en France il est désormais courant d’employer des anglicismes.
Parfois, les institutions gardiennes de la langue française débattent de la traduction des anglicismes. Par exemple, pour l’Office québécois de la langue françaisespam devrait se traduire par « pourriel » mais ce néologisme a été rejeté par l’Académie française. Il est toutefois utilisé au Québec.
Pour votre information, l’Académie française a rédigé une liste de néologismes et anglicismes ici. Voici une liste de 30 anglicismes employés couramment avec leur signification en français :

mardi 1 mai 2018

La langue française


La langue d'aujourd'hui s'adresse-t-elle encore à la postérité, dans une foi moderne en l'avenir intelligent ?


Les anciens disaient "nos ancêtres ", nous disons "la postérité" écrivait Joubert au début du XIX° siècle. Quelques décennies plus tard, en 1872 exactement, Flaubert nuançait cette foi moderne en l'avenir intelligent dans une lettre à George Sand "car j'écris, non pour le lecteur d'aujourd'hui mais pour tous les lecteurs qui pourront se présenter tant que la langue vivra".


Nous sommes en 2018. J'ai lu l'ouvrage d'Alain Borer   "De quel amour blessée" et celui de Jean-Michel Delacomptée " Notre langue française ", et la question qui me vient irrésistiblement aux lèvres est la suivante : la communication règne, on s'exprime, on s'épanche, on échange comme jamais  mais la langue au sens de Flaubert respire-t-elle encore ?



France Culture, Répliques, 31 mars 2018.


jeudi 22 mars 2018

où se trouve la langue française ?


« Il est très difficile de faire comprendre aux gens cette indignation impersonnelle qui vous prend à l’idée du déclin de la littérature, de ce que cela implique et de ce que cela produit en fin de compte. Il est à peu près impossible d’exprimer, à quelque degré que ce soit, cette indignation, sans qu’aussitôt l’on vous traite d’“aigri” ou de quelque autre chose du même genre », écrivait Ezra Pound dans son pénétrant ABC de la lecture en 1966.


« Cinquante ans plus tard, que de l’état actuel où se trouve la langue française d’aucuns s’inquiètent, s’émeuvent ou se désolent, vous les verrez aussitôt accusés de pessimisme, de déclinisme, quand ce n’est pas de passéisme ou d’être de parfaits réactionnaires : automatisme épuisant autant que débile dès lors qu’il s’agit d’art et de beauté, ces vieilles lunes encombrantes autant qu’inutiles au nouveau monde contemporain tel qu’il va dans sa numérisation galopante et son amnésie programmée, la vitesse de sa pensée calculante et sa novlangue, mais surtout son formidable conformisme idéologique et moral infesté de servitude volontaire et de cynisme viral...»
(...)

, La Croix, 21 mars 2018.)

mercredi 21 mars 2018

Le français, bientôt première langue du monde ?





« Notre langue française, si souvent encore représentée comme un jardin aux allées rectilignes, est devenue ce lieu partagé qui a épousé progressivement les inflexions de la planète. Ici résonnent les paroles d’Edouard GLISSANT indiquant comme objet de la poésie le monde, le monde en devenir, le monde tel qu’il nous bouscule, le monde tel qu’il nous est obscur, le monde tel que nous voulons y entrer.Le français s’est au fond émancipé de la France, il est devenu cette langue monde, cette langue archipel parce que d’autres langues se parlent dans des continents immenses et des centaines de millions de nos concitoyens la partagent mais il est peu de langues qui se parlent dans cet archipel monde qui est le nôtre.»
(...)

 ( Institut de France – Mardi 20 mars 2018.)