vendredi 15 mars 2019

Par lui-même




Dominique Noguez par lui-même
Né en 1942 à Bolbec (dans la Seine dite alors «inférieure»), il vécut à Rouen puis à Biarritz (dans les Pyrénées dites alors «basses»), puis dans diverses villes du vaste monde (Paris, Rome, Montréal, New York, Kyoto). Il eut un lourd passé universitaire, qu’il tenta de faire oublier par divers subterfuges: canulars («Dandys de l’an 2000»; «les Trois Rimbaud»; «Lénine Dada»; «Sémiologie du parapluie»; «Lettre de rupture d’un frère siamois»), défense de causes désespérées («le Cinéma expérimental», «la Langue française») et même quelques aphorismes.
On lui connut une veine crépusculaire («Ouverture des veines et autres distractions» ; «Tombeau pour la littérature»; «les Derniers jours du monde»), une veine farcesque («les Martagons»), et quelquefois pas de veine du tout.
Il travaillait en noir («les Deux veuves») et en couleur («l’Arc-en-ciel des humours»), voyait tout («Je n’ai rien vu à Kyoto»), savait tout («Comment rater complètement sa vie en onze leçons»), refaisait les photos («Les 36 photos que je croyais avoir prises à Séville»), les vies («les Trois Rimbaud») et même le monde («Aimables, quoique fermes propositions pour une politique modeste»).
Il n’a pas échappé aux prix. Celui dont il fut le plus fier, le Grand Prix de l’humour noir, obtenu au crépuscule du XXe siècle, lui rapporta un magnum de vouvray et un ruban rose de couronne funéraire. Sa définition de l’homme («un spermatozoïde qui a mal tourné») en fait un humaniste douteux, sa conception de l’amour (voir «Amour noir») un optimiste mitigé, son éloge de la nuance un piètre inquisiteur, son refus de l’uniformité un européiste et un mondialiste très incomplets. Sa devise («Travail famille patrie? Au contraire: farniente, célibat, voyages») n’arrange pas les choses.

Dominique NoguezNotice rédigée en 2003, Éditions 1001 nuits.

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