dimanche 16 mai 2021

Écriture inclusive

Faut-il interdire l’écriture inclusive qui vise à reféminiser la langue française ? Le ministre de l'Éducation vient de le faire pour l'école. À l'Assemblée nationale, trois propositions de loi veulent l'interdire dans l'administration. Tour d’horizon des positions officielles dans ce vieux débat.

 

Le ministre de l'Éducation nationale a tranché. L'écriture inclusive n'a pas sa place dans les pratiques d'enseignement ni dans les documents administratif du ministère. Jeudi 6 mai 2021, une circulaire parue au Bulletin officiel de l'éducation nationale interdit l'emploi de cette pratique linguistique à l'école.

 

Au moment où la lutte contre les discriminations sexistes implique des combats portant notamment sur les violences conjugales, les disparités salariales et les phénomènes de harcèlement, l'écriture inclusive, si elle semble participer de ce mouvement, est non seulement contre-productive pour cette cause même, mais nuisible à la pratique et à l'intelligibilité de la langue française. Extrait de la circulaire du 6 mai 2021 sur les règles de féminisation dans les pratiques d'enseignement

 

Jean-Michel Blanquer s'est exprimé plusieurs fois dans des interview contre l'écriture inclusive. Le 2 mai dernier, dans les colonnes du Journal du Dimanche, le ministre l'a encore condamnée parce qu'il la juge trop élitiste et excluante pour les élèves en difficulté.

 

Mais cette position ne fait pas l'unanimité. Pour le linguiste Christophe Benzitoun, enseignant chercheur à l'université de Lorraine, auteur de Qui veut la peau du français aux éditions Robert 2021 :

 

L'écriture inclusive ou l'écriture non sexiste est devenue un épouvantail politique. Dès qu'il y a une difficulté, le ou la responsable politique brandit ce sujet comme pour faire diversion. Parce qu'en réalité, le ministre de l'Éducation sait très bien que l'écriture inclusive ne se réduit pas au point médian (un point suivi de la féminisation d'un mot, ndlr) et que la véritable difficulté pour les élèves c'est notre orthographe. La forme écrite de notre langue est restée figée depuis des siècles alors que la forme orale elle, ne cesse d'évoluer. Or les responsables politiques refusent de voir la langue écrite évoluer et c'est là le nœud des difficultés des élèves.

 

Ce n'est pas la première fois que la langue française est au centre de polémiques politiques. Depuis 1539 et l’ordonnance de Villers-Cotterêts, qui imposa le français dans les documents publics, la France a une longue tradition de ce genre de débat. La féminisation de la langue occupe ainsi la sphère politique depuis plus de quarante ans.

 

(...)

 Cécile de Kervasdoué

France Culture
9 mai 2021.

 


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