lundi 14 février 2011

" First-name-dropping " de la rue Vaugirard

Pour évoquer Hervé Guibert et Foucault, on aurait pu espérer une langue qui se hisse, un tant soit peu, à la hauteur de ces figures tragiques. Or Ce qu'aimer veut dire est écrit dans un invraisemblable charabia. On passera sur l'exaspérant first-name-dropping ("Sam" pour Beckett, "Alain" pour Robbe-Grillet...), qui ne parvient jamais à s'ériger en procédé littéraire. On oubliera, sous la plume de cet amateur de La Rochefoucauld, les aphorismes creux ("La vie, parfois, mérite réflexion", "Vivre, c'est vivre autrement"...). Mais les interminables récits de ses amours homosexuelles dans le phalanstère de la rue de Vaugirard s'apparentent plus au courrier des lectrices de Jeune et jolie qu'aux Fragments d'un discours amoureux, livre de chevet de l'auteur.  


Mathieu Lindon, Ce qu'aimer veut dire. Éditions POL, 314 p., 18,50 euros

Jérôme Dupuis
L'Express, le 14 janvier 2011.

1 commentaire:

  1. Je découvre votre blog et je pressens que j’y reviendrai souvent ! En parcourant Ce qu’aimer veut dire, j’avais moi-même relevé plusieurs phrases écrites dans un français puéril et ridicule (ouvrir une porte « tout petit à tout petit », etc.). L’article de Jérôme Dupuis m’apprend que je n’ai pas été le seul. C’est rassurant.

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