Le titre, "Un homme de passage", fait référence à la nature éphémère de nos existences, mais aussi à votre condition d'homme éparpillé, toujours de passage entre la France et les États unis, entre deux femmes...
Tout a toujours été divisé pour moi. Bénéficiant d'un système d'alternance dans mon université, je passais un an à New York et un an à Paris. Ma langue maternelle est le français, mais la langue que j'utilise avec mes deux filles américaines, c'est l'anglais. Ce mouvement perpétuel, c'est ma névrose. Ça va jusqu'à mes deux prénoms : Julien, qui est mon prénom d'état civil, et que j'ai gardé pour l'administration, et Serge, qui est mon autre moi, celui des livres. Mais je suis aussi un homme de passage entre le XIXe siècle et le monde moderne. En lisant les journaux, je découvre un nouveau français qui n'existait pas de mon temps. On n'"augmente" plus, on "booste". Les faux anglicismes pullulent, comme "footing" ou "fooding"... Alors que la langue de ma mère était celle qu'on retrouve dans les dialogues de Zola !
Un homme de passage de Serge Doubrovsky (Grasset, 548 p., 23 euros).
Thomas Mahler
Le Point, le 22 février 2011.
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