Dominique Noguez tient que l’homme est « un spermatozoïde qui a mal tourné ». Lui est un universitaire – agrégé de philo et docteur d’Etat – qui a bien tourné.
On ne compte plus les découvertes dont on est redevable à l’auteur de la « Sémiologie du parapluie », spécialiste mondial de l’écrivain Raoul Ouffard et du cinéaste Paul Vanderstrick. Dans ses études savantes, il a notamment apporté la preuve qu’Arthur Rimbaud était entré, âgé et catholique, à l’Académie française en 1930 ; que le mouvement dada devait tout à Lénine ; et que le football était né en 1645. Dominique, nique, nique, signe aujourd’hui de nouvelles révélations sur l’histoire de la littérature et sa sexualité. On découvre un Montaigne formé, dans les bordels parisiens, « aux travaux de Vénus ».
On savoure une « Mythologie » inédite de Barthes sur la cassette porno, comme « facteur de paix sociale ». Et on apprend que Bergson, l’exégète du rire, s’était intéressé de très près à l’érotisme. Aussi doué pour récrire le passé que pour prédire l’avenir, Noguez raconte par le menu ce que seront la rentrée littéraire de 2016 et la présidentielle de 2027, annonce la création de nouveaux prix (dont le Non-Proust) et l’invention révolutionnaire du dentier-sonotone. Il offre, en prime, la meilleure définition de l’humour: « Le pacs du plaisir et de la tristesse. » Ce livre est donc un régal.
Dominique Noguez, Montaigne au bordel, Éditions Maurice Nadeau, 148 p., 20 euros.
Jérôme Garcin
Le Nouvel Observateur n°2412, du 27 janvier 2011.
Le Nouvel Observateur n°2412, du 27 janvier 2011.
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